En se rapprochant de la frontière grecque, les spectaculaires gorges de Trigrad (voir photo) sont un site privilégié pour découvrir deux autres merveilles de la flore bulgare, Haberlea rhodopensis et Morina persica. La première est un véritable fossile vivant, héritage de la flore de l’ère tertiaire. Elle couvre de ses rosettes les rochers frais et moussus au fond des gorges et possède d’étonnantes capacités de reviviscence. La seconde préfère les vires et les rochers bien exposés. Son allure est extraordinaire : c’est une grande plante pouvant atteindre 1 m de haut qui porte étagés le long de la tige des verticilles de feuilles épineuses et de fleurs roses et blanches. Ses caractéristiques sont tellement particulières que la Morina de Perse, ordinairement affiliée aux Dipsacacées, est pour certains auteurs classée dans une famille spécifique : les Morinacées. Cette plante ne vit que dans le sud et l’est de la péninsule des Balkans.

La présence nécessaire d’espaces protégés ne suffit pas pour garantir la conservation à long terme de toute la richesse de la flore bulgare : cette manne assurant aux habitants des campagnes un revenu complémentaire est dilapidée sans le souci de préserver la ressource, d’assurer le lendemain. La cueillette se fait plus problématique encore quand elle concerne une plante rare comme le Sideritis scardica exploitée pour la fabrication de tisane.

Les conditions de travail souvent difficiles des botanistes bulgares (manque de moyens, rareté et coût exorbitant des livres de botanique et des cartes topographiques par exemple) limitent les possibilités d’éducation et d’information des populations à l’intérêt et au respect de la flore. Dans le cas précis de plantes menacées de disparition, une démarche de type conservatoire comme celle engagée par la Fondation "Le Balkan" en Dobroudja bulgare pourrait être une alternative permettant de garantir la sauvegarde des plantes, de leur biotope et la sensibilisation des habitants. Souhaitons que de telles actions puissent voir le jour.

Thierry DELAHAYE & Claude PEPIN

 

 

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